C'était un soir d'hiver, quand les flocons abondant tombaient par milliers sur la grande ville qu'est New York et que l'air frais du vent venant du nord obligeait tout les foyers à allumer leur cheminée et à manger des soupes bien chaudes. Tout se passait à l'hôpital, comme n'importe quel accouchement plus ou moins normal. Cela faisait maintenant neuf mois que monsieur et madame Hosten attendaient avec impatience leur petites filles, et c'est le quinze février qu'ils mirent au monde Johanna et Joy.

« Papa, tu ... tu es sur que Joy va bien ? » demanda Johanna à son père, inquiète pour sa jumelle. Depuis maintenant plus de cinq heures, la soeur de la jeune brune était à l'hôpital, dans un profond coma, mais Johanna en avait l'ignorance totale. Sa jumelle était tout pour elle, un peu comme une meilleure amie, avec les liens du sang en plus. Elles étaient comme deux doigts de la main, liées à jamais et confidente à leurs heures perdues. Jusqu'à présent, elles avaient tout partagé, leurs confidences comme leurs boite à bijoux, Johanna à droite, et Joy à gauche, elles faisaient tout ensemble et rien pour déplaire l'autre. Mais, depuis ce matin là, en un beau jour de Juin, Johanna n'avait pas vu sa soeur au collège. Elles n'avaient jamais été dans la même classe, bête erreur des professeurs. Et encore cette année là, lorsque les deux brunettes étaient en cinquième, elles avaient été séparé, ce qui ne les enchantaient pas vraiment. Joy avait fait un malaise en plein cours d'histoire, surement dut à la chaleur ou autre, elle était très sensible au climat, au contraire de sa jumelle. Monsieur Hosten avait réussi à calmer sa fille qui était assise près de lui, dans la voiture, en inventant mille et un mensonges. « Elle voulait faire de la natation, ta mère l'a emmené faire un premier cours. » Mentait-il, sous le regard choqué de Johanna, qui pensait tout savoir des désirs et souhaits de son double. Elle ne comprenait pas, de la natation ? Joy avait toujours eu peur de prendre son bain seul, de peur que son canard en plastique coule et avait eu énormément de mal à apprendre à nager, encore quelque chose qui la différenciait de sa soeur, en aucun cas Joy se lancerait dans la natation, Johanna en avait la certitude.

Le lendemain, sa soeur n'était toujours pas rentrée, et mal gré les nombreuses larmes de Johanna, ses parents continuèrent à lui faire croire que sa soeur dormait chez une amie, ou allait à son cours de natation qui devait un peu trop répétitif pour la jeune brune. Ce n'est que deux jours après l'entrée de Joy à l'hôpital que ses parents informèrent Johanna. Deux sentiments entrèrent en elle. Tout d'abord, la colère. Pourquoi ses parents ne lui avaient-ils rien dit ? C'était sa jumelle, son double, sa meilleure amie, ils n'avaient pas le droit de lui cacher des graves informations la concernant. Puis, de l'inquiétude. Que lui était-il arrivé ? Elle n'avait qu'une envie, aller voir sa soeur, mal gré qu'elle soit dans le coma, être près d'elle et s'occuper d'elle comme si ce n'était qu'une jolie poupée inanimée. Depuis, Johanna prit beaucoup de distances avec ses parents. Elle ne leur parlait que pour demander du sel à table, ou pour leur poser une question concernant ses maths lorsqu'elle ne comprenait pas. Elle n'arrivait pas à réaliser que sa soeur allait peut-être mourir, et que ses parents ne l'avaient même pas mis au courant.

Un jour plus tard, monsieur et madame Hosten furent informés par l'hôpital de la mauvaise nouvelle. Depuis maintenant quatre jours, Joy était dans un grave coma, et il n'y avait plus rien à faire, elle était partie. Lorsque Johanna apprit la mort de sa soeur, elle tomba dans un profond chagrin, elle en voulut à la terre entière et ne s'en remit jamais, aujourd'hui encore, elle se surprend parfois à contempler les nombreuses photos qu'elle avait pris avec sa jumelle, dans sa jeunesse. Les jours passèrent, la situation de Johanna s’aggravait, ses notes scolaires baissaient et elle n'avait plus gout à rien. De plus, elle entretenait de très mauvaises relations avec ses parents qui furent vite exaspérés de la dépression de leur fille. Une seule chose remotivait légèrement Johanna. Elle avait beaucoup de projets d'avenir, et le simple fait de tracer ses études et de savoir exactement ce qu'elle allait faire lui donnait un peu de courage pour aller de l'avant. Elle voulait devenir journaliste, c'était décidé.